Le Sichuan, de Kanding à Maerkang. Partie 4

En route pour Kanding. Super, à l’arrivée quelques centaines de mètres avant la gare, une armada de taxis rutilants. Je débarque du car, pas un taxi!!! Comprends pas.. Par chance, dans le car, j’ai discuté avec les mains avec mon voisin… et il est aussi surpris que moi. Il y a une grève. Oui, les taxis sont en grève, en Chine, et il est tard. De plus, pas de bus..la totale. Et c’est bien la première fois que je vois çà, il y a de trop nombreux guides rabatteurs désagréables et très collants.. Il est cuisinier et un des ses copains viendra finalement nous chercher puis me déposera gentiment à l’hôtel Sally’s knapsack Inn, et ses chambres crades, recommandé par le LP, à rayer des listes. Seul client, le jeune patron passe son temps (le matin et le soir quand je suis là), à jouer à des jeux vidéos de guerre… le reste du temps il doit sans doute dormir.. Je peux utiliser Hotmail? Oui, mais attendez un peu. J’en ai encore 5 à tuer! Pas beaucoup de bus en ville, une ville tout en longueur de part et d’autre du puissant fleuve, pas commode pour circuler.

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Mont Paoma: Accès en téléphérique, rien de spécial. En descendant du téléphérique, à 50 mètres, j’ai découvert par hasard un gigantesque musée Tibétain, quatre étages, construit il y a trois ans. (référencé nul part): Les nombreux et massifs piliers en bois auraient 1500 ans. Visite guidée, très intéressante. C’était un vendredi.

Je fais court. Le lendemain, la jeune guide est venue me chercher à mon hôtel avec son copain et une amie prof d’Anglais. Grâce à eux j’ai pu aller plus facilement au lac MU GE CUO passer une bonne journée, malgré un temps gris. Dommage que nous n’ayons pas eu le temps de nous tremper les pieds dans des bassins d’eau chaude où de petits poissons vous mangent les peaux mortes.(Curative Pool Boiling Spring)

Maintenant que les taxis ont repris du service, après trois jours de grève, je m’empresse de quitter mon hôtel. Mes amis de rencontre m’en ont trouvé un à 50 mètres à pied de la gare routière, moche mais bien pratique.

Pour la première fois de ma vie je me suis claqué le mollet sans trop savoir pourquoi en descendant des marches dans un hôtel. C’est non seulement douloureux, mais je marche difficilement. A la pharmacie ils m’ont vendu un aérosol et conseillé 8 jours de repos… J’ai pris un taxi et lui ai demandé de me trouver un massage par des aveugles. Ils sont réputés en Chine. Quand les taxis voient que vous avez un vrai problème, ils ne vous déposent pas dans un massage parlour.. Je suis revenu deux fois me faire masser et cela m’a bien soulagé. Grand soleil et fête annuelle du PCC.. Chants sur la grande place, un monde fou, les habitants ont sorti leur costume du dimanche. Quelques belles images.

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Départ pour MOXI en mini van. Rarissime. Deux passagers. 3.5 heures de route, croisé 5 véhicules… Superbe ciel, magnifiques paysages et la mer rouge, constituée de pierres ferrugineuses. MOXI, c’est la porte d’entrée du glacier Hailogou .Bon, c’est un glacier. Ascension grâce à un bon téléphérique autrichien. Redescente et là de superbes sources chaudes. Peu de clients, nombreux bassins, dont un énorme où l’on peut réellement nager. J’y ai rencontré un Chinois d’une soixantaine d’années qui m’a parlé assez bien en Français. Lycéen, il avait fait trois ans de français, puis m’expliqua-t-il délicatement, il y a eu les évènements… (pour les Gogols, comprendre la révolution culturelle), et là plus de cours du tout. Il n’avait pas parlé français depuis 40 ans, mais était ravi de rafraîchir sa mémoire.

A MOXI, en bas du village, église catholique de 1918 en excellent état. Original. Il n’y a qu’une rue, disons principale et un seul café sympa en bas de cette rue. Le patron m’a guidé vers le théâtre où il y avait ce soir-là un spectacle Tibétain authentique pour les locaux et m‘a fait assoir au premier rang à côté des officiels. Pas de touristes. Superbe spectacle. Sa femme fait des glaces maison à la banane onctueuses et délicieuses… De vraies glaces…

DANBA. Le joyau du Sichuan à mon sens. Siao ping est une toute jeune infirmière, et on est allé à JIAJU ZANGZAI, consacré en 2005 par le National Géographique Chinois comme plus beau village de Chine. C’est à 7 km de Danba. C’est un village 100% tibétain et l’architecture est 100% Tibétaine. Curieux n’est-ce pas? Le paysage et le cadre sont grandioses , mais j‘ai trouvé cela un peu figé. Dans toute la région et particulièrement à SUOPO, les «watchtower» hautes tours de pierre fortifiées de quarante à soixante mètres de hauteur sont magnifiques. Il y en aurait 562.

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Des thèses toutes confirmées par l’exploratrice française Frédérique Darragon, qui s’est lancée à la fin des années 90 dans une étude poussée de ces édifices découverts alors qu’elle traquait le léopard des neiges dans le sud-ouest de la Chine. Sur un millier de tours recensées, il n’en reste désormais que la moitié. 562 pour être précis, si l’on en croit les statistiques de Yixisangdan, en charge de la protection du patrimoine de Danba. Quant à leur âge, les avis divergent. Frédérique Darragon, véritable passionaria des diaolou, « tours fortifiées » en chinois, a mené un travail de datation au carbone 14 sur 82 tours, estimant entre les IVe et XVIe siècles la construction de celles qui existent toujours. Des résultats contestés par certains universitaires chinois, qui optent davantage pour une architecture défensive du XVIIIe siècle, diao signifiant donc « forteresse » en chinois. Quoiqu’il en soit, les tours fascinent et intriguent, d’autant qu’elles ont bien résisté au grand tremblement de terre ayant ravagé une partie du Sichuan en 2008.

Extrait d’un article du Figaro.

Le lendemain Siao ping m’a guidé vers une maison musée, et là nous avons rencontré dans ce village de montagne He Yu ,une étudiante chinoise qui parlait couramment anglais. C’est cette même jeune fille qui m’avait dit que c’était une française qui avait disons découvert et surtout sensibilisé les autorités à bien entretenir ces tours, jusqu’à ce que très récemment je tombe sur un article du Figaro où ils ne parlent même pas du poivre du Sichuan… J’en ai rapporté un kilo pour les amis. On s’est promené tous trois toute la journée dans ce village d’architecture Tibétaine tout comme JIAJU ZANGZAI. Ça monte, ça descend sur des sentiers tortueux, et là c’était autrement plus intéressant que le village « classé » car c’était le village natal de Siao ping. L’on croisait ses tantes, ses amis, elle nous décrivait la flore, telles ces mini baies sauvages dont on ne mange que la peau, ces fleurs jaune pâle qui se fumeraient, ces feuilles aux propriétés hémostatiques… Passionnante journée. On est arrivé finalement à son école. Quand j’étais petite m’a-t-elle dit, c’était deux heures de marche le matin et deux heures le soir… 4 heures d’études perdues, mais elle est devenue infirmière, pourtant issue d’une famille très pauvre. Cela fait réfléchir. Je n’avais qu’une heure à pied aller-retour pour aller à l‘école, et c’était un chemin de terre très praticable. Siao ping nous quitte pour aller passer un examen final.

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Avec He Yu et son amie Malaysienne, nous affrétons une voiture, car pas de car pour rejoindre DAN LING.3.5 h de route défoncée dans une berline, et non pas un 4×4. Grande maison d’hôtes de style Tibétain, bon dîner, nuit fraîche mais il y a un paquet de couvertures. On est à 3300 mètres. Pas de réception de téléphone mobile. On part tous trois à pied vers une source chaude qu’on aura beaucoup de mal à trouver. En pleine nature un bassin de 4 mètres par 4. Personne. On fait trempette une heure. L’eau est bonne. Le lendemain balade de 5 heures à cheval, un régal. Paysages magnifiques. Des marmottes, des yaks, des oiseaux, le tout dans des prairies constellées de fleurs sauvages. On boit une tasse de lait chaud de Yak dans une ferme au bout du monde où néanmoins il y a l’électricité. On est dans un autre siècle et pourtant il y a la télé et un programme de télé réalité débile à la sauce chinoise. Quel contraste!

Je monte à Maerkang, rien à voir, et en redescends. De là, j’avais escompté aller vers Xining, province du Qinghai, mais j’y ai finalement renoncé.

Retour à Chengdu. Le SIM’s étant complet, j’ai dormi une nuit au LOFT, recommandé par le LP. C’est un hôtel déguisé en hôtel de voyageur, qui n’a strictement rien à voir avec la philosophie du SIM’s. C’est tout juste si on vous dit bonjour. 2 malheureux PC, contre 8 au SIM’s. Le service du petit déjeuner ne commence qu’à 9 heures, et avec deux clients en salle on vous apporte un café tiédasse à 9 heures 30. Ils n’ont pas l’air de savoir que les autocars partent tôt en Chine. Les chambres sont beaucoup plus spacieuses qu‘au SIM‘s, donc plus chères, ce qui est normal, mais il n’y a pas d’ascenseur… C’est mon sac à dos qui aime bien prendre l’ascenseur… Même lorsque vous escomptez rester quelques jours dans un même hôtel, ne payez jamais plusieurs jours d’avance…surtout si on vous propose, mon œil, un prix spécial.

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